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ÉDUCATION AUX ÉCRANS

Un dispositif d'éducation aux médias et à l'information de la Région Normandie en partenariat avec les Ceméa, Canopé Normandie, la DRAAF et l'académie de Normandie

Identifier les ressorts des théories complotistes

Au cours de l’année scolaire 2018-2019, à raison d’une heure quinzaine (horaire d’EMC), nous avons souhaité familiariser nos élèves aux enjeux civiques et moraux de la société de l’information, notamment sur l’identification des théories complotistes.
Plutôt que d’exercer leur esprit critique sur des vidéos déjà existantes, nous avons choisi de leur en faire réaliser, faisant ainsi le pari qu’ils seraient ainsi mieux à même de les repérer dans tout autre contexte.

Complotisme Désinformation

SÉQUENCE

Notions

  • Complotisme

Objectifs

  • Par le biais de la réalisation d’une production complotiste fictive, faire prendre conscience aux élèves des ressorts narratifs mis en œuvre pour pouvoir les repérer dans d’autres contextes et ainsi caractériser les sites réellement complotistes

Compétences développées

  • Pour forger leur esprit critique, les élèves apprennent à analyser et à produire des vidéos dans le but de mobiliser ces acquis s’ils sont amenés, hors cadre scolaire, à visionner des théories complotistes

Liens possibles aux programmes et au parcours citoyen

  • Une séance qui s’intègre dans la thématique de l’information et de la désinformation, qui prend sa place dans le cours d’EMC mais aussi dans tout projet mobilisant l’éducation aux médias et à l’information. Cette séquence peut s’inscrire dans une activité au long cours associant professeur-documentaliste et enseignants de toutes les disciplines

Durée

3 heures

Déroulement

Au cours de l’année scolaire 2018-2019, à raison d’une heure quinzaine (horaire d’EMC), nous avons souhaité familiariser nos élèves aux enjeux civiques et moraux de la société de l’information, notamment sur l’identification des théories complotistes.
Plutôt que d’exercer leur esprit critique sur des vidéos déjà existantes, nous avons choisi de leur en faire réaliser, faisant ainsi le pari qu’ils seraient ainsi mieux à même de les repérer dans tout autre contexte.
1ere séance : Travail sur le complot des chats (réalisé par une classe de seconde d’un lycée de Bondy) : www.youtube.com/watch?v=Il91bxLH1V0
Première diffusion (jusqu’à 4 min 20 s) sans prise de notes puis deux autres diffusions (même durée) avec classement des remarques en trois colonnes (image, voix off, autres sons) : l’objectif est de deviner les dix bonnes recettes pour réaliser une vidéo conspirationniste (révélées en fin de film). Les groupes trouvent en général les principaux éléments.
2e séance : petit questionnaire sur les capacités des élèves à réaliser une telle vidéo. Constitution de groupes (autour de 8 élèves, soit la moitié d’un demi groupe d’EMC).
Nous avons laissé les élèves se regrouper en fonction de leurs affinités, considérant que la créativité ne se décrète pas : des groupes fixés par l’enseignant risquaient de moins bien fonctionner et de donner un aspect trop scolaire à ce travail.
Les séances suivantes ont été occupées à imaginer un complot et à lui donner du corps : nous avons rejeté certaines propositions qui risquaient d’être mal comprises au cas où ce travail serait diffusé hors du cadre scolaire. Il se posait aussi la question de notre présence et donc d’une caution, même tacite, apportée à certains propos/thèmes.
Ainsi, ont été évacués des complots impliquant des génocides ayant déjà été commis dans le passé (Israël, des musulmans). Un des complots évoquait « les Chinois » qui conspiraient avec les Nord-Coréens et les Américains : le propos ne versait pas dans le racisme ou la xénophobie, même de second degré. Un complot, qui plaçait Emmanuel Macron au cœur d’un grand trafic de produits illicites organisé par l’État, a pris un sens particulier avec le développement, au cours de l’année scolaire, d’un mouvement social très hostile à l’actuel président de la République. Nous avons conseillé au groupe porteur du projet d’impliquer d’autres hommes politiques dans le scénario afin de dissiper toute ambiguïté.
Nous sommes intervenus d’un groupe à l’autre pour pointer les faiblesses dans l’argumentation, les incohérences, suggérer des procédés, donner des petites astuces (dont l’effet Koulechov : www.youtube.com/watch?v=7mY1lTz_NPw). Le travail était ainsi complémentaire de l’enseignement de français.
Afin d’aider les élèves, nous avons distribué une feuille comprenant un récapitulatif des ingrédients du complot des chats ainsi que des procédés récurrents de vidéos complotistes. Au verso de la feuille se trouvaient des extraits de schémas heuristiques tirés du site du CLEMI de Strasbourg (dont le travail de Lionel Vighier) : https://educmedias2016.weebly.com/-et-complotisme.html
Ce travail a donné lieu à des moments pour le moins paradoxaux : lorsque des élèves nous ont confié qu’ils n’étaient pas sûrs de leurs sources pour le choix de tel ou tel document/ou qu’ils n’arrivaient pas à trouver une information précise sur tel ou tel domaine et qu’ils se sont vus répondre par leurs enseignants que ce n’était pas grave, qu’ils pouvaient inventer des sources, des données statistiques, choisir des images sans rapport direct avec leur propos…
Il y a eu des bilans intermédiaires effectués par les groupes (oral/écrit) puis une restitution des travaux mais qui est arrivée bien tard dans l’année.
L’expérience a été très positive. Les élèves ont apprécié la liberté dont ils disposaient et ont globalement été investis dans le projet. Les relations tissées avec leurs enseignants, qu’ils ont parfois pu considérer sous un autre jour (la réciproque est également vraie), ont été bénéfiques pour les heures de cours hors EMC.